Plusieurs cerveaux travaillant ensemble produisent un meilleur résultat. À condition de bien communiquer.
À contempler les foules de hooligans qui se battent à la sortie des stades ou les consommateurs se ruant dans les supermarchés les jours de soldes, on peut se demander si le groupe ne favorise pas les comportements stupides. Pourtant, comme l’explique Mehdi Moussaïd dans Fouloscopie. Ce que la foule dit de nous (éd. J'ai lu 2021), une multitude d’individus interrogés isolément, sur la hauteur de la tour Eiffel par exemple, parviendra en moyenne à trouver la bonne réponse, malgré certaines réponses loufoques. Idem pour la distance entre deux villes ou la profondeur d’un lac, grâce à la « sagesse des foules ». « Si l’échantillon est suffisamment grand, les fautes individuelles vont se compenser, faisant ressortir ce que les gens ont en commun dans leur réflexion, amenant au final une évaluation proche du bon résultat », souligne le chercheur.
Le pire ennemi de cette puissance collective ? L’influence d’autrui. Il suffit qu’autour d’une grande tablée l'un des convives lâche « je pense qu’il fait 25°C » pour que les autres revoient leur estimation à la hausse ou à la baisse. Selon une étude de Sinan Aral, spécialiste de l’influence sociale, un unique vote positif sur un produit vendu sur Internet augmente sa note finale de 25 %. « C’est pour cette raison que les réunions de « brainstorming sont une perte de temps, explique le psychologue Yves-Alexandre Thalmann. Elles ne fonctionnent que si chacun a réfléchi sur le sujet en amont. »
Le respect de l’autre, un facteur-clé
Au travail, « les équipes réussissent généralement mieux que la moyenne des individus, l’intelligence collective existe, analyse Anita Williams Woolley, spécialiste du comportement organisationnel à la Carnegie Mellon University (Pennsylvanie). Dans une de ses études, publiée dans Science en 2011, 700 volontaires, répartis en petits groupes de deux à cinq personnes, ont dû résoudre des énigmes, tests de raisonnement… Résultat : l’intelligence collective jouait à hauteur de 43 % sur le niveau du groupe ! À compétences égales, certaines équipes obtenaient de meilleures performances. En effet, plus les gens communiquent (tout en respectant le temps de parole de chacun), plus l’intelligence globale augmente. Les groupes plus féminins ont surclassé les équipes à dominante masculine. Les femmes perçoivent généralement mieux les émotions des autres – en moyenne, elles réussissent mieux un test consistant à lire l’état d’esprit sur des photos de regards en gros plan. Un atout indispensable pour travailler en équipe.
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