Les marchés de l’art, démocratisation ou institutionnalisation de l’investissement ?
Avec la participation de :
Laurent Issaurat, Responsable du Service Art Banking chez Société Générale Private Banking
Arnaud Dubois, Co-fondateur de Matis
Delphine Brochand, spécialiste Art & Wealth, fondatrice de Fin’Art Consulting.
Le marché de l'art reste un marché de niche, représentant environ 4 jours d'échanges boursiers mondiaux. De plus, ce marché est très segmenté, avec une concentration de la valeur sur une infime partie des œuvres (moins de 1% des actifs s'échangent à plus d'un million de dollars).
L'impact de la finance sur le marché de l'art est multiple. D'une part, la finance peut apporter de la liquidité à un marché qui en manque traditionnellement. C'est le cas notamment des sociétés comme Matis, régulée par l'autorité des marchés financiers, qui propose des investissements fractionnés dans des œuvres d'art. Cette approche permet à des investisseurs ayant des moyens plus modestes d'accéder à ce type d'actifs.
D'autre part, la finance peut contribuer à une certaine transparence dans un marché souvent opaque. En effet, l'arrivée de nouveaux acteurs, comme les plateformes d'investissement en art, s'accompagne d'une judiciarisation et d'une institutionnalisation croissantes.
Cependant, l'impact de la finance sur le marché de l'art ne fait pas l'unanimité. Certains acteurs, notamment les galeries d'art contemporain, voient d'un mauvais œil l'arrivée d'investisseurs qui ne s'intéressent qu'à la valeur financière des œuvres. Ils craignent que la spéculation ne vienne fausser les prix et nuire à la création artistique.
Acheter intelligemment sur le marché de l'art
Le marché de l'art est un domaine complexe où la qualité prime sur la diversification. Comme l'explique Delphine Brochand, conseillère en art, le "vrai levier de valorisation" réside dans la qualité intrinsèque de l'œuvre. Il ne s'agit pas d'acheter de manière dispersée, mais plutôt de se concentrer sur des artistes reconnus et "institutionnels" dont les œuvres ont une valeur stable et pérenne.
L'expertise du conseiller en art
L'expertise d'un conseiller en art indépendant est primordiale pour identifier les œuvres de qualité et naviguer dans ce marché opaque. Le conseiller peut accompagner l'acheteur dans la "due diligence", un processus rigoureux qui permet de vérifier l'authenticité de l'œuvre, son état de conservation et sa provenance. Cette expertise permet également de "traduire les goûts des clients avec des valeurs artistiques institutionnelles solides" et de sécuriser l'acquisition.
Se méfier des effets de mode
L'influence de la finance sur le marché de l'art peut accentuer les effets de mode et fausser les prix. Il est essentiel de ne pas se laisser influencer par les tendances du moment et de privilégier les artistes ayant un "track record" solide. Il faut être vigilant et ne pas "acheter avec ses oreilles" mais bien "avec ses yeux".
Le marché de l'art est un domaine où les prix peuvent être manipulés par des collectionneurs et des galeries qui ont intérêt à faire monter la cote de certains artistes. Il est donc crucial de s'appuyer sur un conseiller en art indépendant et de confiance pour éviter les pièges.
L'art ancien : une option à considérer
L'art ancien, qui représente environ 6% du marché mondial, est en déclin depuis plusieurs années, principalement en raison du désintérêt des jeunes générations. Cette situation peut représenter une opportunité pour les acheteurs avertis, qui peuvent acquérir des pièces de qualité à des prix attractifs.
Laurent Issaurat, responsable du service art banking chez Société Générale Private Banking, suggère même que cela peut être un "pari sur l'avenir". Imaginez décorer votre résidence secondaire avec des œuvres du 17e ou 18e siècle, chinées à des prix abordables ! Cependant, il est important de bien se renseigner sur l'artiste et l'œuvre avant de se lancer, car ce marché est très spécialisé.
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