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Retour sur la rencontre Khiplace du 20 mai 2025 sur les actifs de diversification : hedge funds, cryptos et or

Dernière mise à jour : il y a 11 minutes



Quelles solutions de diversification pour les investisseurs professionnels ?

Le 20 mai 2025, s’est tenue une discussion interactive inédite autour d’un thème plus que jamais d’actualité : la diversification multi-stratégies et le rôle des actifs dits « alternatifs » dans les allocations des investisseurs institutionnels. Modéré par Béatrice Coquelin, Senior Investment Advisor chez La Palme Partners, le débat a rassemblé trois experts chevronnés de la gestion d’actifs :

  • Clément Chaulot, directeur de l’allocation chez Téthys Invest

  • Axel Cabrol, Managing Director chez TOBAM

  • Joffrey Czurda, CEO de Cigogne Management

Ces intervenants ont partagé leurs visions, pratiques et convictions sur la diversification d’aujourd’hui… et de demain.

Investissements alternatifs et cryptomonnaies : Un renouveau stratégique pour les Institutionnels


La discussion a permis de mettre en lumière le regain d'intérêt pour les produits de gestion alternative et le positionnement des cryptomonnaies comme le Bitcoin au sein des stratégies d'allocation d'actifs, particulièrement pour les investisseurs institutionnels et professionnels de gestion.


La gestion alternative en France est décrite non pas en opposition, mais comme un ensemble d'actifs complémentaires à la gestion traditionnelle. Son objectif principal est de rechercher des performances régulières quel que soit l'état des marchés et d'encadrer la volatilité. Ces stratégies visent à offrir un profil de performance décorrélé des marchés traditionnels et la capacité à générer de la performance même dans un environnement difficile, notamment grâce à l'utilisation de l'effet de levier. L'intérêt pour la gestion alternative est clairement en reprise, les investisseurs finaux étant à la recherche de solutions diversifiantes dans un contexte de marchés actions jugés très hauts et de taux d'intérêt baissant progressivement. La volatilité croissante du marché, alimentée par des facteurs géopolitiques ou commerciaux, est perçue comme une source d'opportunités dont se nourrissent les hedge funds.


Concernant le Bitcoin, il est positionné comme un actif de diversification à très long terme, sur une période de plus de 5 ans. Il partage certaines caractéristiques avec l'or, étant considéré comme une réserve de valeur reconnue par tous, échangeable et ne dépendant pas d'une institution particulière. Décrit comme de l'or digital, il est jugé crédible en termes de sécurité et d'échange et surtout, bénéficie d'une forte dynamique d'adoption qui en fait un candidat sérieux à la réserve de valeur mondiale. Sa valeur intrinsèque repose sur ses qualités structurelles, non sur une banque centrale. Sa quantité maximale est strictement limitée à 21 millions, il est inaltérable, infalsifiable et liquide.


Malgré sa nature encore très spéculative et une volatilité énorme, l'écosystème du Bitcoin se structure rapidement pour permettre un investissement dans un cadre institutionnel tenable. Des solutions comme les ETF facilitent l'accès aux investisseurs finaux en éliminant les risques liés à la détention directe. Les inquiétudes liées à l'utilisation potentielle des cryptos pour des activités illicites (terrorisme, rançons) sont abordées, mais il est souligné que la blockchain permet une traçabilité complète des transactions et que l'écosystème développe activement des solutions de conformité, de lutte contre le blanchiment et de vérification (KYC). La police, par exemple, a démontré une grande efficacité à tracer les fonds dans les cas de demande de rançons en crypto.


L'adoption institutionnelle du Bitcoin est déjà en cours, notamment aux États-Unis, où certains États, banques (comme Saxo, JP Morgan) et fonds souverains (Norvège, Abu Dhabi) en acquièrent discrètement. Le frein principal à l'adoption par les institutionnels français semble résider moins dans les sujets réglementaires que dans un risque de réputation, la peur que la discussion se concentre de manière disproportionnée sur cet actif, même s'il ne représente qu'une petite part de l'allocation globale.


Une distinction est faite entre le Bitcoin et d'autres cryptomonnaies comme l'Ethereum. Ce dernier est davantage perçu comme une technologie de blockchain, ce qui implique un risque technologique (compétition avec d'autres plateformes comme Solana) et des doutes sur sa gouvernance future en tant que réserve de valeur. Le Bitcoin, en revanche, est vu comme une matière première numérique avec des caractéristiques uniques pour la préservation de valeur à long terme.


Les risques macroéconomiques majeurs, tels que la crise de la dette souveraine (liée à l'endettement massif des États) et l'inflation (potentiel mécanisme de sortie de l'endettement), pourraient rendre les actifs traditionnellement jugés "peu risqués" comme l'obligataire ou le cash moins attractifs à l'avenir. L'émission monétaire massive est considérée comme un facteur ayant contribué à l'inflation des actifs financiers, y compris potentiellement le Bitcoin. Bien que le Bitcoin ne soit pas nécessairement un refuge contre la volatilité générale des marchés, il pourrait l'être face à un changement majeur du rôle du dollar ou face à l'inflation.


En matière de combinaison d'actifs de diversification pour les institutionnels, les experts considèrent les hedge funds comme un bloc central stratégique dans l'allocation, d'une importance bien supérieure à celle de l'or, qui reste marginal. Les allocations typiques observées, notamment chez les grands fonds de dotation américains, incluent un gros bloc alternatif au sens large.


Des conseils pratiques pour construire une allocation hedge fund sont donnés :


Être très diversifié, voire ultra-diversifié, pour lisser la volatilité individuelle des stratégies et éviter qu'une seule position ne nuise à la performance globale

Être très strict en matière de gestion des risques, notamment en coupant rapidement les positions perdantes, suivant une approche presque "momentum"

• Avoir le bon niveau de "punch" dans le portefeuille global, en n'hésitant pas à intégrer des stratégies qui peuvent être individuellement volatiles si l'ensemble est bien diversifié et géré.

• Se concentrer sur les stratégies disposant d'un réel avantage compétitif ("hedge"). Sont citées comme exemples : les stratégies long/short sectorielles très spécialisées (sur des secteurs ou sous-secteurs précis), les stratégies quantitatives haute fréquence (où l'avantage réside dans l'infrastructure d'exécution à grande échelle), et les traders de matières premières ultra-spécialisés.


Les avancées technologiques comme l'IA (intelligence artificielle) et les ordinateurs quantiques ne sont pas perçues comme une menace existentielle pour le Bitcoin. Sa sécurité repose sur la cryptographie, et l'algorithme sous-jacent peut être mis à jour par la gouvernance de la chaîne pour s'adapter aux évolutions technologiques. De même, la fin de la création de nouveaux Bitcoins par le minage n'entraîne pas l'arrêt de l'écosystème ; les mineurs seront rémunérés par les frais de transaction, et des technologies existent pour optimiser l'utilisation de la blockchain et permettre les échanges même en petites quantités (unités appelées "satoshis").


Enfin, le passage à des actifs plus immatériels comme le Bitcoin pose la question de son acceptabilité par certains investisseurs. Cependant, il est rappelé que la monnaie fiduciaire elle-même est très conceptuelle. Le Bitcoin est une convention sociale qui repose sur sa structure unique plutôt que sur une institution centrale. Sa capacité à ne pas être adossé au système de crédit traditionnel est vue comme une qualité essentielle pour la diversification. L'accès et la liquidité existent via des plateformes et des marchés, bien que cela implique des intermédiaires et des frais. Le levier et le trading "papier" sur le Bitcoin existent déjà dans l'univers crypto et commencent à apparaître via des futurs dans la finance traditionnelle.

Un sondage réalisé auprès des membres participants à la rencontre a permis de dresser un panorama instructif de leurs anticipations sur le Bitcoin, leurs préférences en matière de couverture contre la volatilité des marchés, et leurs attentes pour relancer l’investissement alternatif.


🔮 Quel avenir pour le Bitcoin d’ici 3 ans ?


À la question « Quel sera le niveau de BTC dans 3 ans ? », les réponses reflètent une tendance haussière modérée :


  • 46,4 % (13 sur 28) estiment que le BTC évoluera entre 100 000 et 200 000 USD

  • 25,0 % (7 répondants) le voient entre 50 000 et 100 000 USD

  • 17,9 % (5 répondants) prévoient une flambée au-delà de 200 000 USD

  • 10,7 % (3 répondants) pensent qu’il tombera en dessous de 50 000 USD

➡️ Conclusion : Un optimisme tempéré domine, avec 71,4 % des répondants projetant un BTC supérieur à 50 000 USD.


🛡 Quel est le meilleur actif de couverture face à la volatilité ?


Les professionnels privilégient clairement des solutions institutionnelles éprouvées :

  • 39,3 % (11 répondants) optent pour les hedge funds

  • 32,1 % (9 répondants) préfèrent le non coté (dette privée, private equity, immobilier, infrastructures)

  • 17,9 % (5 répondants) restent fidèles à l’or et aux métaux précieux

  • 3,6 % (1 seul répondant) misent sur les crypto-actifs

  • 7,1 % (2 non-réponses)


➡️ Conclusion : Le couple rendement/risque des hedge funds continue de séduire les institutionnels, loin devant les crypto-actifs.


🏛 La France doit-elle détenir du Bitcoin comme réserve stratégique ?


Les répondants sont partagés, illustrant un débat encore vif :


  • 53,6 % (15 répondants) disent non

  • 46,4 % (13 répondants) disent oui

➡️ Conclusion : La prudence reste majoritaire, mais près de la moitié envisagent un rôle stratégique pour le Bitcoin.


📈 Comment relancer l’investissement alternatif en France ?


Quatre options étaient proposées pour stimuler l’attrait des investissements alternatifs :


  • 46,4 % (13 répondants) veulent se limiter aux fonds les plus liquides

  • 28,6 % (8 répondants) suggèrent de créer de nouveaux véhicules type FPS

  • 14,3 % (4 répondants) favorisent des hedge funds avec une orientation ESG

  • 10,7 % (3 répondants) préfèrent attendre une normalisation des taux

➡️ Conclusion : La liquidité reste un critère clé, mais l’innovation réglementaire et l’ESG progressent.

 
 
 

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