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Hybridons les maisons de retraite !

À force de catégoriser les générations, les décideurs publics et privés s’empêchent de construire une véritable hybridation générationnelle, écrit dans cette tribune Gabrielle Halpern, Docteur en philosophie et autrice du livre Tous centaures ! Éloge de l’hybridation (Le Pommier, 2020). Elle appelle à hybrider les maisons de retraite avec les musées, les restaurants, les salles de sport, les crèches, les incubateurs de start-up et les théâtres pour qu’elles accueillent d’autres publics et soient des lieux de vie, des terrains d’apprentissage, des leviers de rencontres et de croisement.



Savez-vous comment on dit « retraite » en espagnol ?


« Jubilacion »… Un mot qui signifiait originellement un « chant d’allégresse ». Rien à voir, donc, avec notre terme français de « retraite », que la féroce étymologie latine associe à l’action de « retirer ». Mais comment pouvons-nous accepter que ce soit ce terme qui exprime notre vision du rôle et de la place d’une part croissante de la population ? Cette idée de retrait est terrible ; l’expression de « maisons de « retraite » » est tellement effroyable qu’il est fou que nous ayons eu l’idée de les nommer ainsi. Le sigle impersonnel et froid « EHPAD » n’arrange pas les choses. Pourquoi « retirer » ces générations de notre société ? Pourquoi avons-nous tant de mal à embrasser les personnes âgées dans notre société ? Quand prendrons-nous enfin au sérieux le grand défi de l’hybridation générationnelle?


L’aménagement urbain, les services publics, les produits, l’immobilier, les loisirs, les mobilités ou encore les usages : tout doit être repensé, tout doit être réinventé, parce que la transition démographique et le vieillissement de la population qu’elle entraîne, va fortement bouleverser notre société. Il faut que les décideurs publics cessent de considérer les personnes âgées comme une « case » de leur programme ou plan d’action politique ; de la même manière, il faut cesser de considérer la « silver economy » comme un secteur d’activité spécifique, car c’est la meilleure manière de créer des fractures et une société en silos. A force de catégoriser les populations, les décideurs publics et privés s’empêchent de penser et de construire une véritable hybridation générationnelle.


Pourquoi avons-nous toujours besoin de ranger les gens, les choses, les idées, les cultures, les produits, les services, les usages, dans des cases ? Ne voyons-nous pas que ces étiquettes que nous croyons rassurantes et que nous passons nos vies à coller sur les autres et sur les choses, nous font complètement passer à côté de la réalité du monde ? Ne comprenons-nous pas qu’elles nous conduisent, malgré nous, à faire mal à cette réalité, en la découpant en morceaux ?


Hybridons les maisons de retraite avec les musées, les restaurants, les salles de sport, les crèches, les incubateurs de startup et les théâtres, pour qu’elles accueillent d’autres publics, pour qu’elles soient des lieux de vie, des terrains d’apprentissage, des leviers de rencontres et de croisement. Il ne s’agira pas de se contenter de juxtaposer des générations, mais de créer les conditions nécessaires aux rencontres entre toutes ces personnes, toutes ces activités, afin qu’il y ait métamorphose réciproque. Pour que les personnes âgées n’aient plus à se retirer du monde, nous allons devoir innover pour qu’elles restent, pour qu’elles reviennent. Et ces maisons de retraite se transformeront en « maisons de jubilation » ! »


Lire la suite : https://usbeketrica.com/fr/article/hybridons-les-maisons-de-retraite

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