Khiplace a organisé un panel d’experts dédié aux fusions dans la gestion d’actifs et aux leviers stratégiques et opérationnels permettant d’en maximiser la valeur.
Animé par Jonathan Klein, fondateur de JSK Advisory, cet événement a réuni des spécialistes du secteur pour débattre des enjeux stratégiques et opérationnels des opérations de fusion-acquisition (M&A) :
Olivier Macquet, Directeur des Participations, Ofi Invest
Pascale Cheynet, Directrice Stratégies et durabilité, Groupe La Française
Paul Bezault, CEO d'AssetSagacity

Ce panel a mis en évidence que les fusions dans la gestion d’actifs ne sont pas qu’une question de taille ou de rationalisation des coûts : elles nécessitent une vision stratégique, une gestion rigoureuse des risques et une anticipation des défis IT et RH.
Le succès repose sur trois piliers :
Une intégration alignée avec une vision stratégique claire.
Une maîtrise des risques opérationnels et financiers.
Une attention particulière portée aux talents et à la culture d’entreprise.
Dans un marché en pleine consolidation, les asset managers doivent être prêts à affronter ces défis pour transformer une fusion en une véritable opportunité de création de valeur.
Un contexte marqué par une consolidation du secteur
L’industrie de la gestion d’actifs est actuellement traversée par une vague de fusions et acquisitions en France, avec des opérations de différentes tailles :
Petites fusions : Montpensier-Arbevel, Sanso-Longchamp, Demeter-Cerea.
Fusions de taille intermédiaire : OFI-Aviva, OFI-Egamo, La Française-Crédit Mutuel IM.
Trois géants dominants : Amundi, BNP Paribas-AXA et Natixis-Generali.
Dans ce paysage, la question centrale est : comment créer de la valeur après une fusion ? Les intervenants ont exploré cette problématique sous trois angles :
Pourquoi faire des acquisitions dans l’asset management malgré les difficultés d’intégration ?
Quels sont les principaux écueils à éviter lors d’une fusion ?
Quels sont les facteurs clés de succès pour une fusion réussie ?
1. Pourquoi faire des acquisitions dans la gestion d’actifs ?
Les fusions-acquisitions en asset management répondent à plusieurs logiques, détaillées par les intervenants :
Une stratégie de croissance et de diversification
Acquérir de nouvelles expertises (ESG, gestion alternative, private equity).
Étendre son offre et accéder à de nouveaux marchés.
Gagner en compétitivité dans un secteur en mutation.
La nécessité d’atteindre une taille critique
Derrière les trois géants du marché, les acteurs de taille intermédiaire doivent se regrouper pour survivre.
La course à la taille est devenue un impératif pour bénéficier d’économies d’échelle et peser face aux mastodontes.
L’impact des technologies et des données
L’intégration de solutions IT et data est essentielle pour optimiser la gestion des actifs post-fusion.
La sécurisation des flux de données et l’adoption des meilleurs outils digitaux sont des leviers clés pour réussir l’intégration.
2. Les principaux écueils à éviter lors d’une fusion
Les intervenants ont mis en avant plusieurs risques majeurs associés aux fusions dans la gestion d’actifs :
Les dyssynergies sur les clients
Une fusion peut entraîner des pertes de clients si la transition est mal gérée.
Les différences culturelles entre équipes de gestion peuvent fragiliser la relation client.
Les coûts cachés des opérations de M&A
Les surcoûts liés à l’intégration des systèmes IT et aux changements d’infrastructure sont souvent sous-estimés.
La nécessité de consolider les bases de données et d’harmoniser les processus peut s’avérer plus complexe que prévu.
L’absence d’une véritable analyse de rentabilité (ROI) des opérations de fusion
Trop peu d’acteurs évaluent le retour sur investissement avant ou après une opération de M&A.
À quel moment les dirigeants et actionnaires devraient-ils calculer ce ROI ? Cette question reste souvent sans réponse dans les fusions.
3. Les incontournables d’une fusion réussie
Pour maximiser les chances de succès, les experts ont identifié plusieurs facteurs clés :
Le rôle du "compromis danois" et l’évolution du paysage des actionnaires
Une tendance émergente : les bancassureurs prennent de plus en plus de poids dans le capital des sociétés de gestion.
Cela modifie les équilibres et nécessite une gouvernance plus alignée avec leurs intérêts.
L’importance de l’anticipation et d’une structuration rigoureuse des systèmes
Une fusion ne peut réussir sans une stratégie IT solide dès le départ.
L’optimisation des infrastructures et la compatibilité des outils doivent être prévues dès la phase de négociation.
L’impact des ressources humaines et du management
L’intégration des équipes est un facteur décisif pour garantir une transition fluide.
Une communication claire et un accompagnement RH sont indispensables pour éviter la démobilisation des talents.
Autres points abordés :
La difficulté de calculer le retour sur investissement (ROI) des fusions, et la nécessité d'un suivi rigoureux des coûts et des synergies.
L'importance de l'ADN et de la culture des entreprises, et la difficulté de créer une culture commune post-fusion.
La question de l'intrapreneuriat dans les grands groupes, et la difficulté de concilier la culture entrepreneuriale avec la lourdeur des structures établies.
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